Aujourd’hui, on accueille Adrien qui a fondé DeRigueur, une marque de maroquinerie et d’accessoires haut de gamme. Celle-ci répond à la problématique de l’homme moderne avec son produit phare le « Baise-En-Ville » : sac en cuir de petite taille pour ranger ses objets du quotidien. Il va nous expliquer tout cela dans cette interview.
Peux-tu commencer par te présenter et nous raconter comment t’es venu l’idée de créer De Rigueur ?
Mon nom est Adrien Deslous-Paoli, né à Lyon en 1990 d’une mère brésilienne et allemande et d’un père français, j’ai créé la maison De Rigueur pendant ma dernière année à l’EDHEC Business School.
DE RIGUEUR est une jeune maison qui propose des accessoires de maroquinerie de qualité, entièrement faits main France, pour l’homme de goût. Notre objectif est de répondre aux problématiques quotidiennes de l’homme contemporain avec des accessoires pratiques et élégants.
L’idée est née en 2008 à Belley dans l’Ain avec la découverte d’un petit cartable en cuir dans le grenier de la maison familial. Appartenant à mon arrière-grand-père, Charles Paoli, ce dernier l’utilisait dans son activité de médecin de campagne dans les années 40.
Le « BEV » est synonyme d’élégance à la française. Qu’est ce qui fait son charme et le rend si atypique?
Avec un nom surprenant, le « Baise-en-Ville », ce modèle est parfait pour transporter ses objets du quotidien, portefeuille, clés, carnet, étui à lunette, appareil photo, etc… avec un format très original, celui de la tablette 9,7″. Outre sa taille, c’est l’utilisation des plus beaux matériaux qui lui confère son charme : cuir de vachette pleine fleur au tannage mixte, corps coupé dans une seule pièce, doublure en suédine, finitions teintées à la cire d’abeille et pattes de fermeture filetées qui lui donnent beaucoup d’élégance.
Le choix d’utiliser des cuirs de Toscane, est-il un choix éthique ? A quoi reconnait-on un bon cuir ?
L’objectif n°1 était de choisir les meilleurs matériaux, et il se trouve que les meilleurs tanneurs sont italiens aujourd’hui, le côté éthique réside dans la technique de tannage, technique mixte utilisant des plantes de montagne ou des écorces d’arbres comme le chêne, le bouleau ou le châtaignier. Ce procédé de tannage est plus long, mais il permet au cuir de se « patiner », c’est-à-dire de vivre avec son utilisation, de voir ses couleurs s’approfondir, et de raconter une histoire.
Les meilleurs cuirs sont tous de la pleine fleur, c’est-à-dire la partie supérieure de l’épiderme, la plus noble et la plus résistante, comparée à la croûte de cuir. On reconnaît un bon cuir au toucher avant tout, on sentira la différence entre un cuir tanné uniquement avec des sels de chrome, beaucoup plus « plastique » sous la main, on ressentira un toucher soyeux chez certains autres cuirs, avec des finitions dites anilines ou un toucher gras.
Les couleurs, le jeu sur les rides et les particularités de la peau sont autant de choses qui, à mon sens, font la beauté d’un cuir. Mais on reconnaît un bon cuir à sa tenue dans le temps, et bien sûr à l’utilisation que l’on veut en faire.
Tu as pris parti de fabriquer en France. Être un fabricant « Made in France », c’est important pour toi ?
Oui, ça l’est, car nous racontons une histoire, un savoir-faire et une culture authentique de la maroquinerie en France. Le travail de nos artisans est extraordinaire, d’une minutie et passion profonde pour la matière, le bel objet.
Nous travaillons avec des artisans ayant fait leurs armes dans les plus grandes maisons du luxe français, et devenus indépendants ils transmettent ces connaissances. Le BEV, d’ailleurs, est un modèle typiquement français du vestiaire masculin de l’époque ; il nous paraissait donc vraiment pertinent de porter les valeurs d’authenticité et de qualité du « Handmade in France ».
Quels sont les premiers retours de tes clients ?
Ils sont excellents, nos clients ressentent vraiment cette qualité de travail artisanal, et sont vite convaincus par l’utilité d’un tel format, qui s’accorde parfaitement avec leur style vestimentaire, que ce soit en porté bandoulière, sous le bras en pochette ou à la main comme une serviette. J’ai même été surpris de recevoir un jour une deuxième commande pour un BEV de couleur différente par un de nos clients !
Tu as ouvert un projet de financement sur KissKissBankBank afin de financer une nouvelle collection. Elle a atteint 50% en seulement 10 jours ce qui est remarquable. Que prévois-tu de faire avec ce capital ?
Nous étendons la gamme ! Attentifs aux retours de nos clients et potentiels clients, nous avons sentis que des formats plus grands, pouvant accueillir des documents A4 ou un ordinateur, étaient demandés. Nous serons ravis d’avoir un catalogue plutôt complet sur ce modèle, avec de nouveaux coloris, que nous pourrons faire évoluer au gré des collections et des tendances. Rendez vous sur KissKissBankBank
Quels sont les futurs projets de De Rigueur?
Notre objectif initial est de répondre aux problématiques quotidiennes de l’homme contemporain avec élégance et praticité, c’est donc naturellement que nous nous dirigeons vers l’innovation dans ce secteur traditionnel de la haute maroquinerie. Nous travaillons actuellement sur un programme de R&D qui nous permettrait de connecter nos créations d’ici la fin de l’année, avec en particulier une solution de recharge de smartphone embarquée révolutionnaire 😉
La vie d’entrepreneur est pleine de rebondissement. Qu’est ce qui te plaît dans cette fonction ?
Aucune journée se ressemble, j’apprends quelque chose de nouveau chaque jour, en rencontrant de nombreuses personnes, avec leurs anecdotes et leurs expériences, et je me confronte à des situations nouvelles et déstabilisantes très souvent, auxquelles il faut réagir avec justesse, ce qui n’est pas une mince affaire !
C’est un job très enrichissant, parfois épuisant, avec un doute constant : a-t-on fait le bon choix ? Sur telle ou telle décision ? Sur l’orientation de sa vie en général ? Mais après réflexion, même si le salaire à l’entrée de la vie d’entrepreneur et loin d’être comparable à n’importe quel job salarié, le sentiment d’apprentissage, d’accomplissement personnel et de fierté un jour, sont les meilleurs résultats que l’on peut attendre d’une vie.
Quel est le meilleur conseil que tu peux donner à tous ceux qui souhaite se lancer dans la création d’une marque ?
Une phrase qui m’a marquée et que je garde en fond d’écran sur mon téléphone : « Doubt kills more dreams than failure ever will », alors allez-y à fond, tentez, le doute a beau être constamment présent dans la vie d’un entrepreneur, trop douter vous empêche d’avancer, alors entourez-vous, parlez-en et lancez-vous ! Qu’est-ce qu’il peut arriver d’horrible lorsqu’on réalise de belles choses ?
Quelle est la personnalité française que tu admires le plus (cela peut être en matière de mode ou bien dans un autre domaine) ?
Je dirais Jean Dujardin, acteur français qui a commencé avec ses délires, dans Un Gars Une Fille, et qui a conquis les Etats-Unis avec sa classe et son sourire. Je trouve qu’il représente parfaitement les valeurs que nous portons, car il est jeune, dynamique, ambitieux, déterminé, créatif, et professionnellement rigoureux. Je rêverai qu’un jour il soit l’égérie de la marque, il a vraiment une classe naturelle et légèrement nonchalante, qui en fait un représentant excellent de l’élégance et l’art de vivre masculin à la française.
Pour terminer l’interview, partons un peu dans le futur, comment te vois-tu dans 5 ans ?
Notre objectif est de devenir la première maison de haute maroquinerie connectée au monde d’ici 5 ans, certes pour l’instant il n’y a pas beaucoup de concurrents et nos premiers produits connectés ne sont pas encore sur le marché, mais on sent un véritable frémissement, l’envie d’innover et d’apporter un coup de jeune à des secteurs qui n’ont pas bougés depuis parfois des centaines d’années. On va continuer à travailler dur dans ce sens, pour proposer des produits de toujours plus grande qualité, élégance, praticité et authenticité !
Adrien Deslous-Paoli – DeRigueur