Il n’est plus à présenter. L’armagnac est un digestif présent dans tous les grands restaurants, et pas seulement dans le Sud-Ouest. Ce pousse-café est très apprécié après un repas bien garni… Comme tout alcool, ses publicités doivent porter la mention : « Attention à l’abus d’alcool », ou encore : « À consommer avec modération ». Pourtant, certains professionnels du secteur soutiennent que la consommation de cette eau-de-vie serait bénéfique pour la santé.
L’armagnac : un peu d’histoire
L’armagnac est la plus ancienne eau-de-vie d’Europe. Il a d’abord été concocté par des moines grâce à l’importation de l’alambic pris aux médecins arabes d’Espagne. Il daterait de la fin du XIIIe siècle, sa première mention assurée étant de 1310. Le passage des pèlerins en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle a fait son renom et le succès des vignerons et négociants de Gascogne. Rabelais pensait peut-être un peu à lui lorsqu’il parlait de la « dive bouteille ».
Comme tous les produits issus de la vigne, l’armagnac jouit à l’instar du vin d’une place de choix dans l’art de vivre à la française. Dans les bonnes familles, c’est un digestif qui ne se refuse pas. Sa robe de plus en plus ambrée avec l’âge et son odeur puissante ont de quoi étonner. Quelques gouttes suffisent d’ailleurs à parfumer une tourtière aux pommes ou un pastis landais, entre autres pâtisseries. Partez à la découverte de ce vignoble :
Il faut savoir que le cognac, produit par un vignoble qui a beaucoup plus tôt compris l’enjeu de l’exportation et du tourisme, n’est qu’une excroissance de l’armagnac à l’époque moderne. Faute de soleil, il faut deux distillations au cognac contre une seule – traditionnellement – pour l’armagnac. Seuls les domaines les moins ensoleillés font autrement. C’est pourtant le gage d’une proximité plus grande avec le terroir. Haut-armagnac, ténarèze, bas-armagnac : selon les lieux et les sols, des notes de violettes, de pommes, de pruneaux ou d’autres fruits et fleurs ressortent. Ugni, gros manseng et folle blanche font le plaisir des botanistes.
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Les thèses en présence
Il ne fait aucun doute que les moines de Saint-Mont qui l’ont inventé considéraient l’armagnac comme un médicament. On prêtait alors 40 vertus à cette « aygue ardente », comme en témoigne l’essai de Vital Dufour Pour garder la santé et rester en bonne forme. Encore aujourd’hui, certains de nos aînés en Gascogne peuvent témoigner de leurs jeunes années où l’armagnac de la maisonnée (digne du vin fait dans leur jardin par les Hongrois et quelques paysans isolés) était tout bonnement utilisé comme de l’alcool à désinfecter. Mais la science médicale actuelle est-elle d’accord pour y voir un bienfait sanitaire ?
Les grands éleveur ou domaines de l’Armagnac s’appellent Darroze, Tariquet, Ryst-Dupeyron, Loyac, Sigognac, Delord, Sempé… Mais ils bénéficient de l’influence d’un genre de syndicat à Eauze (qui dispute à Condom le titre de « capitale de l’armagnac ») : le Bureau national interprofessionnel de l’armagnac (BNIA). Celui-ci diligente des études de toutes sortes pour promouvoir l’aqua ardens. C’est ainsi que dès 2000-2001 la faculté de médecine de Bordeaux s’est associée à celle de sociologie de Toulouse pour mener une première étude universitaire. Les résultats sont positifs en ce qui concerne la limitation des risques de thrombose. Avec une consommation modérée bien sûr !
Actuellement, des médecins des thermes de Barbotan à Cazaubon affirment que boire un peu d’armagnac d’au moins 20 ans d’âge chaque jour apporte tous les bienfaits de l’aspirine sans ses effets secondaires. Et vous, qu’en pensez-vous ?